Trois courts-métrages sur l’enfermement chez soi
Cette semaine Mathilde Rouxel, chercheuse en histoire des cinémas arabes, s’associe à l’équipe d’Aflam pour proposer quelques courts-métrages qui éclairent la thématique de l’enfermement. Nous remercions les cinéastes qui ont accepté avec enthousiasme de participer à cette sélection placée sous le signe de la diversité des formes d’expression et des approches narratives.
« L’enfermement entre quatre murs n’est pas vécu de la même façon par chacun. Pour certains, cet isolement est un choix quotidien et devient un moteur créatif essentiel. Pour d’autres, il est subi, imposé par les allers-retours d’une vie sociale et familiale parfois difficile à maîtriser.
Ainsi, aux quelques images pudiques et intimes d’Ahmed El-Shebiny, qui capture l’oppression du poids quotidien d’une famille dans l’exiguïté d’un petit appartement de la grande banlieue du Caire, répond le confinement du Tunisien Dhia Jerbi dans un appartement en France, où il doit s’occuper de son jeune nouveau-né. L’isolement de l’exil et la douleur de l’abandon vient alors remplacer la saturation familiale et l’impression d’emprisonnement qui hante souvent une jeunesse des pays arabes en quête d’ailleurs et incapable de partir. Une solution pour s’arracher à l’angoisse cyclique qui accompagne l’enfermement semble être le recours à l’imagination : c’est en tout cas ce que suggère Sarra Abidi en mettant en scène une romancière dont la solitude est brisée par les aléas et les fantasmes d’une journée particulière. C’est aussi ce que nous propose, à nous, spectateurs confinés, l’expérience toujours renouvelée du cinéma. »
M. Rouxel
About Reconsidering My Feelings Towards My Home de Ahmed El-Shebiny
Un étudiant en cinéma se redécouvre lui et son entourage familial alors qu’on lui demande d’exprimer ce qu’il ressent vis-à-vis de son « chez-lui ».
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Ahmed El-Shebiny est né au Caire où, après avoir exercé quelques années comme ingénieur biomédical, il suit une formation en études cinématographiques à l’école de cinéma « Nahda » des Jésuites. Il en sort diplômé en 2016 avec About reconsidering my feelings towards my home. El-Shebiny travaille ensuite comme assistant réalisateur sur Le Fort des Fous de Narimane Mari (2017) et Certified Mail de Hisham Sakr (2019).
Le Dernier Wagon de Sarra Abidi
Au Pays des Oranges tristes de Dhia Jerbi
C’est une lettre d’un père à son fils. Cette naissance questionne la paternité, l’exil et l’héritage dans un petit appartement qui devient, le temps d’un film, l’espace d’une rencontre de trois générations, séparées entre la Tunisie et la France.
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Dhia Jerbi est né en 1991 aux Émirats arabes unis, où il a grandi, avant de rentrer en Tunisie en 2003. Licencié de l’Institut Supérieur d’Art Multimédia de la Manouba (Tunis) en réalisation et écriture cinématographique, il complète sa formation à l’École documentaire de Lussas où il réalise trois films dont Au pays des oranges tristes (2018). Il développe actuellement son premier long-métrage.
Bonnes séances !